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21 MAR 2011

André Duromea ou le destin d’une ville

Le décès d’André Duromea ne peut que toucher les hauts-normands. Il appartenait à leur histoire. Il appartient à leur mémoire. Avec sa dureté et son exemplarité, résistant, colonel FTP, déporté, il était un symbole, dans notre région, de ce parti communiste d’après-guerre, parti des fusillés et de Thorez, avec ses ombres et ses sincérités, ses contradictions et sa terrible dépendance. A cette formation, il avait donné sa vie. Elle lui a donné un destin.

Conseiller municipal, adjoint, puis Maire et maître du Havre, député et sénateur, l’ouvrier serrurier avait été désigné par le comité central pour tous les mandats jusqu’à incarner par sa figure, par sa stature, à lui seul ou presque, la reconstruction et la renaissance d’une ville martyr pour laquelle il était dévoué, mais dont, pourtant, il ne fut le premier magistrat qu’à partir de 1971, pour ne laisser son siège majoral, près d’un quart de siècle plus tard, qu’en 1994. L’implacable trajectoire qui lui avait fait franchir un à un tous les degrés du cursus honorum de la rue de Châteaudun, puis de la place du colonel Fabien, était aussi un témoignage de son alignement parfait sur les thèses de la direction, qu’il s’agisse, pour le meilleur, de faire face à la misère, à l’adversité, pour le pire de susciter l’incompréhension, l’hostilité, pour ne pas dévier d’un iota de la ligne par d’autres définie, que Roland Leroy déclinait quotidiennement dans l’Humanité.

Sa disparition marque la seconde fin d’une époque, après la défaite municipale du PC devant la droite, dont travailleurs, ouvriers et employés se sentent encore orphelins. Sans doute une autre vision de la relève que, dans notre région, les socialistes et l’union à Gauche, constituaient, aurait pu convaincre cet homme né avec la révolution d’octobre, devenu militant à 19 ans, dans l’aurore du Front Populaire, de ne pas accepter de voir perdre son camp. Son décès ne lui permettra pas d’en voir une reconquête que j’espère prochaine.

Devant le linceul écarlate de l’homme qui s’en va, avec ses convictions, ses défauts et ses qualités, ceux d’une époque et d’une personnalité, il faut aujourd’hui s’incliner, saluant son amour du service public et sa détestation de l’injustice sociale et, à ses proches, à ses camarades, dire le respect qu’impose leur chagrin.

© 2011 Marc-Antoine Jamet , Tous droits réservés / Wordpress