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11 AVR 2014

Voici le script de l’émission « Paris est à vous ! », diffusée sur BFM Business Paris, dont le Jardin d’acclimatation était l’invité.

Karine VERGNIOL

La personnalité du jour : maire de Val-de-Reuil, vice-président de la Région Haute-Normandie, secrétaire général du groupe de luxe LVMH, vice-président de la Fédération des Industries de la Parfumerie, président du Pôle de Compétitivité de Cosmetic Valley, mais aussi président directeur général du Jardin d’Acclimatation depuis 2004. Marc-Antoine JAMET, bonjour.

Marc-Antoine JAMET

Bonjour.

Karine VERGNIOL

C’est pour ça qu’on vous invite aujourd’hui : président du Jardin d’Acclimatation, qui lance demain sa saison brésilienne. On va y revenir dans un instant, mais par rapport à toutes ces fonctions que vous avez, qu’est-ce que ça représente pour vous le Jardin d’Acclimatation ? Est-ce que c’est la cerise sur le gâteau ?

Marc-Antoine JAMET

Ce n’est pas la cerise sur le gâteau, c’est la respiration, c’est le bonheur, c’est d’avoir le sentiment qu’on est justement entre Paris et la Normandie. C’est une oasis, le Jardin d’Acclimatation : une oasis dans le temps, une oasis dans l’espace, une oasis aussi dans le stress parisien ou dans le stress des affaires.

Karine VERGNIOL

Alors justement, on va rappeler quand même un petit peu, parce que la plupart des enfants – et des parents, d’ailleurs – parisiens et franciliens connaissent ce Jardin. On peut quand même rappeler, il se situe donc aux portes véritablement de Paris, hein ?

Marc-Antoine JAMET

Porte Maillot…

Karine VERGNIOL

Porte Maillot.

Marc-Antoine JAMET

…Une ferme, des animaux, une volière. Une station de métro, puisqu’il suffit de descendre à Porte Maillot, de prendre le petit train, et on est immédiatement plongé dans un univers qui est celui de l’enfance.

Karine VERGNIOL

Il ne date pas d’aujourd’hui, hein : 1860.

Marc-Antoine JAMET

Voilà, un coup de cœur de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie : ils vont à Hyde Park, ils ont envie de faire un parc à l’anglaise. Et en même temps, l’impératrice est toquée de botanique, de faune, de flore, elle veut faire quelque chose de scientifique, elle met donc un jardin, et qui est un jardin d’acclimatation : on fera venir la faune et la flore du monde entier, et puis aussi quelques cultures et quelques civilisations.

Karine VERGNIOL

A partir de quel moment il prend le visage d’aujourd’hui ? C’est-à-dire, au-delà de l’acclimatation là des animaux, il y a l’attraction.

Marc-Antoine JAMET

A partir de la Seconde Guerre Mondiale, la fin de Luna Park, qui est riverain, amène un certain nombre de forains à venir. Mais il a son visage d’aujourd’hui, c’est-à-dire d’être vraiment un élément du Bois de Boulogne, un élément parisien – c’est comme les Fontaines Wallace, c’est comme les Colonnes Morris, c’est Paris éternel !

Karine VERGNIOL

Carrément !

Marc-Antoine JAMET

Ah oui, c’est « Un Américain à Paris » ! Il faut… Les Américains viennent chez nous. C’est à peu près il y a une quinzaine d’années, quand le groupe LVMH décide en effet d’y investir, de le rénover, et surtout de le réhabiliter, de lui donner le look, la figure, le paysage qu’il avait il y a maintenant 150 ans.

Karine VERGNIOL

Oui, parce qu’il est entré… il était dans le giron du groupe LVMH dès 1984, mais effectivement il a évolué au fil des années. Cinquième parc de loisirs de France – vous dites, ça c’est en termes de visitorat ?

Marc-Antoine JAMET

Voilà, à peu près entre 1,3 et 1,5 million. Alors on est talonné et dépassé parfois par le Futuroscope ou par le Puy-du-Fou, mais on est juste derrière Astérix et Disney, qui sont quand même des géants, des milliers de personnes, des milliers de salariés, des machines incroyables. Et nous, on fonctionne avec du sentiment, de l’affect, du souvenir, de la mémoire collective des Parisiens, et probablement quelque chose qui ne disparaîtra jamais : du cœur.

Karine VERGNIOL

250 salariés, c’est ça à peu près ?

Marc-Antoine JAMET

A peu près. Une centaine qui forme les techniciens, les électriciens, les menuisiers – qui travaillent comme des fous, d’ailleurs, pour « Sensacional Brasil » en ce moment même. Et puis tous ceux qui vous accueillent, dans les manèges, dans les restaurants, dans les points de vente, donc tous ceux qui vous accompagnent, qui vous proposent des services – beaucoup moins donc, mais très proches et, je crois, très aimés des gens.

Karine VERGNIOL

Alors vous en parliez tout à l’heure, il y a une petite évolution depuis une quinzaine d’années, grâce à LVMH. Et puis il y a une évolution aussi parce que, évidemment, c’est dans le cadre d’une délégation de service public de la Ville de Paris : votre mission, c’était aussi justement de le faire connaître ailleurs qu’aux alentours, Boulogne, Paris Ouest. Il a fallu en faire le parc, le Jardin d’Acclimatation de toute l’Ile-de-France ?

Marc-Antoine JAMET

Voilà, on était un peu le square du 8e arrondissement, le parc privilégié de Neuilly, la chasse gardée du 92 – qui est très bien, ce sont des clients que j’adore et qu’il faut garder, mais on s’est ouvert à tous les départements, à tous les centres de loisirs, à toutes les écoles. Et puis maintenant, on voit, aux provinciaux, et de manière invraisemblable, l’été, en juillet et août, ce sont 300.000 étrangers ou touristes qui nous rejoignent. C’est-à-dire que ce parc est devenu un des éléments du patrimoine parisien, au même titre que la Tour Eiffel ou que le Jardin des Tuileries. C’est un peu du cœur de Paris qui bat à cet endroit du Bois de Boulogne, et on y va par plaisir.

Karine VERGNIOL

Combien d’étrangers, parmi… On disait 1,5 million de visiteurs environ, il y a quel pourcentage ?

Marc-Antoine JAMET

Alors il y a 300.000 visiteurs en été, et dessus, on pense qu’il y a à peu près 50.000 visiteurs étrangers ; il y en a à peu près autant toute l’année, donc on a maintenant un dixième de nos visiteurs qui sont des visiteurs étrangers. Ce n’est plus un square de proximité, c’est devenu le jardin du monde entier.

Karine VERGNIOL

Alors, et là 2014 ça commence sur les chapeaux de roues, hein ?

Marc-Antoine JAMET

2014, on a déjà doublé le nombre des visiteurs, aussi bien parce que la Fondation LOUIS VUITTON va ouvrir et que c’est un bijou absolu, que l’on peut voir remarquablement bien du Jardin d’Acclimatation, mais aussi parce que le parc s’est rénové, il propose des activités différentes. On a entendu la leçon : l’internet est passé, les grandes machines américaines sont passées. Les parents s’embêtaient parfois au Jardin d’Acclimatation. On essaie de créer un univers qui est maintenant un univers familial, où peut-être de 7 à 77 ans – pour reprendre une autre formule –, on ne s’embête pas, on ne s’ennuie pas, on découvre des choses qui sont différentes de visite en visite.

Karine VERGNIOL

Alors exemple justement de ce renouveau, parce qu’on sait que les grands parcs d’attraction dont vous parliez tout à l’heure, Marc-Antoine JAMET, les parcs Astérix, les Futuroscope, ils renouvellent régulièrement, tous les deux ou trois ans il y a une nouvelle attraction, un gros coup d’investissement. Comment vous gérez ça, vous, comment vous renouvelez l’offre ?

Marc-Antoine JAMET

On essaie de faire en sorte que des animations, des parades, du théâtre – on a eu un partenariat remarquable avec la Comédie Française…

Karine VERGNIOL

L’année dernière, « Poil de Carotte ».

Marc-Antoine JAMET

…Voilà, exactement, et qui est une plus-value intellectuelle, une plus-value culturelle, une plus-value affective. Bien évidemment il y aura des renouvellements de manèges quand la concession sera renouvelée, c’est-à-dire le 6 décembre 2015. Mais en attendant, quand on invite 300 artistes et artisans brésiliens, quand on invite des plasticiens brésiliens, des designers brésiliens, c’est une manière de montrer quelque chose qui n’existe pas dans un autre parc. Vous prenez votre ticket de métro et vous prenez l’avion pour Rio de Janeiro, c’est quand même un peu spécial ! Vous faites 9.000 kilomètres en 30 secondes !

Karine VERGNIOL

Alors on reviendra sur cette animation brésilienne, mais là, tout ce dont vous me parlez c’est de l’animation, si j’ose dire, c’est de l’habillage autour. Mais est-ce que les fondamentaux restent ? Est-ce que vous envisagez de changer des choses, d’améliorer ? Vous parliez de la nouvelle concession, est-ce que ça veut dire jusqu’au 6 décembre 2015 rien ne va changer ?

Marc-Antoine JAMET

Il faut faire deux choses. Il faut conserver ce qui est l’ADN du Jardin, c’est-à-dire la Rivière enchantée, qui date de 1928 – cette chose étrange qui fait qu’une roue à aubes qu’on ne voit pas transporte une barque, et que chacun se demande où est le moteur, où est la voile –, il faut conserver le Petit Train, les Miroirs déformants, le dernier Guignol de Paris qui se fait sans playback et gratuitement. Tout ça, c’est l’ADN du Jardin. Et puis probablement il va falloir changer les manèges, amener des capacités de restauration qui vont être différentes, donner plus de spectacles – et c’est ce que nous essayons de faire déjà le soir, dans ce Théâtre du Jardin qui est un théâtre extraordinaire –, amener davantage de cinéma, amener davantage de numérique et de digital. Nous sommes en train de le faire progressivement. Mais bien évidemment, le coup de gong c’est celui que la Ville de Paris nous autorisera à donner en 2015, lorsque la concession sera renouvelée – ce que j’espère !

Karine VERGNIOL

Bien sûr, parce qu’effectivement vous êtes candidat…

Marc-Antoine JAMET

Il y aura quelques concurrents, mais nous sommes candidats à notre propre renouvellement.

Karine VERGNIOL

Et c’est ça qui est étonnant : c’est ce côté gentiment désuet du Jardin d’Acclimatation, qui fait aussi sa réputation. Et ça, vous le disiez, il faut absolument le conserver ?

Marc-Antoine JAMET

Ce n’est pas désuet, c’est le Paris d’Amélie Poulain, c’est le Paris de DOISNEAU, c’est le Paris de CARTIER-BRESSON, c’est le Paris de LARTIGUE, c’est le Paris des POULBOT, c’est un mélange de Montmartre, de noir et blanc, d’« Un Américain à Paris », de bateaux qui sont dans un caniveau et qui flottent sur l’eau. Ce sont des choses simples, on parle au cœur, on parle à l’histoire. Il y a une chose extraordinaire : le nombre de gens qui ont chez eux une photo de la Rivière enchantée, qui passe sur une, deux, trois, quatre générations – maintenant l’appareil photo est automatique, mais il y avait un type derrière une boire noire et derrière… il y a maintenant 70 ans ! Et on peut trouver quatre ou cinq générations qui ont la même photo. On retrouve ses grands-parents, on se projette soi-même quand on sera parent, on retrouve son cœur d’enfant, et on sait soi-même qu’on est devenu peut-être le grand-père d’un petit-fils ou d’une petite fille. C’est cela, c’est… cette espèce de passage symbolique des générations, qu’on ne trouvera dans aucun autre parc à Paris.

Karine VERGNIOL

La particularité aussi – si on continue les comparaisons avec les quatre autres grands parcs d’attractions français : on a un prix d’entrée assez fort sur ces parcs d’attraction, chez vous on est… c’est dérisoire, le prix d’entrée, hein, on est entre 1 et 3 euros…

Marc-Antoine JAMET

On est à 3 euros.

Karine VERGNIOL

…3 euros, c’est ça, et après on paye pour les attractions payantes, pour certaines on ne paye pas. Comment vous vous y retrouvez ?

Marc-Antoine JAMET

Il y a trois solutions. Soit on vient pour se promener simplement, et dans un endroit sécurisé, propre du Bois de Boulogne, étendre une table à carreaux – on a de plus en plus de pique-niqueurs – et partager avec des amis une après-midi de soleil. On peut venir aussi, quand on a des enfants, faire toutes les activités gratuites : la Ferme pédagogique, les animaux, la Volière, le Guignol, toutes les activités gratuites. Et puis on peut aller également dans les manèges. Le but, c’est d’atteindre l’équilibre. C’est une part de mécénat d’une certaine façon du groupe LVMH, puisque la consigne c’est : l’équilibre plus 1 euro, pour ne pas tout à fait se tromper. Donc le parc n’a pas une vocation commerciale, le parc a une vocation de s’équilibrer et d’offrir aux Parisiens des activités. C’est ça le contrat qui est passé avec la Ville de Paris. Nous le gérons, avec la capacité que nous avons de gérer, je crois, dans une certaine modernité, une certaine efficacité, une certaine sympathie également ; et en même temps, nous gagnons les recettes suffisantes pour le faire fonctionner. Donc ce parc n’est pas un parc qui a les mêmes objectifs que les autres que vous signalez, et dont on va oublier les noms très vite, et même l’existence !

Karine VERGNIOL

(Rires) Tout à fait ! Alors en revanche, il paraît, à propos des animaux, que vous aviez voulu fermer le Centre équestre à un moment donné ?

Marc-Antoine JAMET

Alors nous avons voulu surtout le moderniser, et aujourd’hui je crois que nous avons renvoyé un certain nombre de poneys et de chevaux, non pas dans des endroits épouvantables mais tout bêtement au pré, que tous les moniteurs sont maintenant des professionnels, ce qui n’était pas le cas auparavant, et qu’au contraire nous investissons pour créer une nouvelle carrière – elle s’est ouverte il n’y a pas très longtemps –, pour faire en sorte que l’accueil soit meilleur. Et puis même, ce sont des choses qui sont dans notre délégation de service public, faire en sorte qu’un certain nombre d’enfants qui éprouvent des difficultés, des handicaps, soit des handicaps physiques ou d’autres handicaps, ou pour lutter contre l’autisme, viennent s’entraîner dans des cours d’équitation qui leur sont destinés. Donc c’est ça la vocation de service public, c’est d’être ouvert 365 jours par an, d’offrir toutes les activités, et de les offrir aussi bien à des centres de loisirs, à des enfants en difficulté, qu’à des familles qui viennent, je dirais, par hasard.

Karine VERGNIOL

Pourquoi, Marc-Antoine JAMET, LVMH tient tant – vous nous parlez de cette date du 6 décembre 2015 – à renouveler la concession ? Qu’est-ce que ça représente pour LVMH ?

Marc-Antoine JAMET

Le Jardin d’Acclimatation, il est à l’origine de LVMH, d’une certaine façon – petite, partielle, minime. C’est-à-dire qu’il a intégré le groupe au même moment que DIOR et LE BON MARCHE, pour prendre ces deux grandes marques prestigieuses ; DIOR surtout, bien évidemment. Et puis c’est aussi un contrat qui est passé avec la Ville de Paris, c’est un contrat que nous avions passé avec les prédécesseurs de Bertrand DELANOË, avec Bertrand DELANOË, que nous passerons et que nous sommes en train de passer avec Anne HIDALGO : entretenir un parc parisien, un parc de loisirs, un poumon de la capitale, sur vraiment du mécénat, sur une action de générosité, une action de solidarité, une action d’ouverture. Je crois que cela fait partie de l’ADN également de LVMH d’avoir ces fenêtres, ces respirations. Et puis cela fait partie également de l’excellence parisienne, de la qualité de Paris, de la vision qu’on peut avoir de Paris, depuis Rio de la Plata jusqu’à Shengzhou, et ça c’est important, c’est une fenêtre sur Paris qui est ouverte par LVMH.

Karine VERGNIOL

Et puis vous en parliez tout à l’heure, il y a la Fondation LVMH : donc ça y est, c’est pour quand l’ouverture ? L’automne ?

Marc-Antoine JAMET

L’ouverture se fera à l’automne, mais c’est vrai que c’est un magnifique bâtiment fait par Franck GEHRY, et puis probablement au meilleur de son art, vraiment quand il a atteint l’incandescence…

Karine VERGNIOL

Donc il jouxte le Jardin d’Acclimatation…

Marc-Antoine JAMET

…Il est à la limite même, il est dans le Jardin d’Acclimatation, c’est un hectare du Jardin d’Acclimatation, qui est devenu ce bâtiment, que moi je trouve plus beau encore que celui de Bilbao, plus intéressant encore que la Philarmonic de Los Angeles, qui est un bâtiment incroyable. Il y a jeté toutes ses forces, toute son intelligence. Je crois que Paris sera la seule ville au monde à avoir un bâtiment de GEHRY fait de cette manière-là.

Karine VERGNIOL

Et pour vous, qu’est-ce que vous en attendez pour le Jardin d’Acclimatation ? Vous pensez que ça va amener du monde, du coup ?

Marc-Antoine JAMET

Je pense que c’est un échange qui est assez intéressant, puisqu’il y a une fondation formidable à Pasadena, aux Etats-Unis, qui est à la fois dans un parc, que GEHRY avait construite, et qui est un musée. Eh bien là, j’imagine les visiteurs de la Fondation se promener ensuite, se délasser, amener leurs enfants ; et d’un autre côté, les visiteurs du Jardin, à un moment, se dire : tiens, l’exposition est là, allons-y. Je pense qu’il va y avoir un échange très intéressant entre ce moment très doux, très lent, très calme qui est celui du Jardin, et puis ce moment qui est un moment d’apprentissage, d’intérêt, de connaissance et de culture, qui va être celui de la Fondation. Je crois que les deux vont exceptionnellement bien se marier, comme déjà l’architecture de GEHRY se marie au travail d’Alphand, d’Haussmann, de Barillet-Deschamps et de Davioud, puisqu’il a quatre grands ancêtres, qui sont les quatre mousquetaires du Second Empire et de Napoléon III.

Karine VERGNIOL

Allez, l’actualité du Jardin d’Acclimatation, c’est demain, le lancement de…

Marc-Antoine JAMET

Brasil, Brasil, Brasil !

Karine VERGNIOL

…(Rires) Et ça chauffe déjà, là-bas ! Et ça ce n’est pas nouveau, hein : chaque année, au Jardin d’Acclimatation, vous mettez en avant un pays. C’est important ?

Marc-Antoine JAMET

Depuis dix ans, nous ouvrons les 19 hectares à un pays. Nous disons : voilà, vous avez un Etat supplémentaire des Etats-Unis, une ville supplémentaire de Chine, un Etat supplémentaire de l’Inde, eh bien il est Porte Maillot, il est au Bois de Boulogne, il est au Jardin d’Acclimatation. Et c’est ce qu’on a fait avec le Brésil. On a donné carte blanche à EMBRATUR, qui est le grand office du tourisme brésilien, en leur disant : vous montrez un Brésil qui ne soit pas uniquement un Brésil de carte postale, ça peut être un Brésil de designers si vous le souhaitez…

Karine VERGNIOL

Et ni uniquement un Brésil de football !

Marc-Antoine JAMET

…Ni un Brésil de football. Mais ça doit être vraiment ce qui fait battre le cœur du Brésil, ce qui le rend plus ensoleillé, plus gai, sans que ce soit une vision française et parisienne. Il faut que ce soit une vision de Rio de Janeiro, une vision de Brasilia, une vision de Bahia, vous l’amenez ici. Et on a formidablement travaillé avec Daniella BUSARELLO, avec toute l’équipe de l’ambassade du Brésil et d’EMBRATUR, qui se sont vraiment… et puis c’est un plaisir de travailler avec des Brésiliens, ligués, rassemblés pour que ce soit un succès.

Karine VERGNIOL

Donc de la capoeira, du football, de la musique, de la…

Marc-Antoine JAMET

Et puis des expositions photos…

Karine VERGNIOL

…du carnaval…

Marc-Antoine JAMET

…et puis des installations de design, et puis aussi des hamacs, des chaises longues en chita, et puis de la musique, et puis en effet des parades, des marionnettes géantes, tout le Brésil qui débarque à l’ouest de Paris.

Karine VERGNIOL

Et ça dure jusqu’au 11 mai, hein ?

Marc-Antoine JAMET

Jusqu’au 11 mai, avec ces grands ponts ensoleillés – la météo sera parfaite, ne vous inquiétez pas –, qui fait qu’on doit s’y précipiter samedi et dimanche !

Karine VERGNIOL

Vous allez peut-être battre votre record, je crois, au mois de mars, là, vous avez battu tous les records : le 8-9 mars, 42.000 visiteurs !

Marc-Antoine JAMET

Exactement. C’est le moment où le Jardin…

Karine VERGNIOL

Mais la capacité n’est pas extensible, à un moment donné ?

Marc-Antoine JAMET

…Ah, 19 hectares, on peut quand même être nombreux dessus ! Et puis je crois que le Jardin a fait des progrès extraordinaires en accueil : on peut davantage y déjeuner, davantage s’y promener. Il y a trois hectares que la Fondation a entièrement refaits, qui viennent d’être rendus, là, il y a quelques jours, aux Parisiens, et qui sont vraiment des endroits de délassement. Il y a des moments de tension, de plaisir, d’intensité, et puis il y a des moments au contraire de calme, de rassemblement de familles. Le Jardin, chaque Parisien y a sa place.

Karine VERGNIOL

D’ailleurs c’est assez étonnant, parce que si on connaît mal le Jardin…

Marc-Antoine JAMET

On s’y perd !

Karine VERGNIOL

…On s’y perd, et surtout, poussez-y : il y a plusieurs endroits où on a l’impression d’avoir fait le tour, et non, il y a encore un espace derrière, etc. Il faut faire attention. Donc il n’y a plus de travaux, là, dans le Jardin ? Parce que je sais qu’il y a eu plusieurs petits moments de…

Marc-Antoine JAMET

Peu à peu les travaux se réduisent autour de la Fondation, mais ce sont des travaux qui laissent derrière eux un endroit entièrement repaysagé, reverdi. Il y a notamment un miroir vert juste devant la Fondation, qui est en train de pousser – l’herbe ne peut pas pousser plus vite que le temps ne le permet, mais vraiment le Jardin est en train de faire sa mue et d’être de plus en plus remarquable, encore plus beau qu’il ne l’était en 1861. J’ai d’ailleurs invité Napoléon III et l’impératrice Eugénie pour l’inauguration de demain – pas sûr qu’ils viennent, ils sont très pris en ce moment !

(…) Rires

Karine VERGNIOL

J’imagine qu’ils viendront ! Allez, notre petit questionnaire sur Paris !

(…) Jingle « Paris en questions »

Karine VERGNIOL

Votre quartier préféré, Marc-Antoine JAMET ? Paris, le Grand Paris.

Marc-Antoine JAMET

Le quartier de ma naissance : le 9e, le 18e. Moi j’aimais bien Anvers, Barbès-Rochechouart – ça peut paraître bizarre –, le Sacré-Cœur, et puis aussi le Passage de Panoramas et puis le Lycée Condorcet, qui a été mon point d’arrimage pendant longtemps.

Karine VERGNIOL

Ah, c’est un grand quartier, donc ! Vous êtes plutôt « gastro » ou bistrot ?

Marc-Antoine JAMET

Brasserie ! Brasserie, avec… Alors le point central, parce que mon père était journaliste, journaliste politique, et donc on allait à la Brasserie LIPP à pas d’heure. Et donc LIPP, c’est vraiment, pour moi, le restaurant parisien.

Karine VERGNIOL

Qu’est-ce qui vous agace à Paris ?

Marc-Antoine JAMET

Qu’est-ce qui m’agace à Paris ? Ah, le « Paris bashing », le « on n’y arrive pas », et en même temps ce n’est pas totalement faux. L’air vibrant de New York, la trépidation londonienne, on ne la sent pas tout à fait. Même si avec Bertrand DELANOË, et je suis sûr avec Anne HIDALGO, Paris va encore accomplir des progrès. On a cette trépidation mondiale, le sentiment qu’à Shanghai on est au cœur du monde, qu’à Londres on est au cœur du monde, qu’on n’a pas toujours à Paris.

Karine VERGNIOL

C’est ça, mais il faut faire un effort sur nous-mêmes. Allez, dernière chose, Marc-Antoine JAMET : qu’y a-t-il de l’autre côté du périph ? Vous n’avez pas le droit de dire : le Jardin d’Acclimatation !

Marc-Antoine JAMET

Non mais, je vais dire le Stade de France ! Le stade de toutes les victoires, le stade de 98 !

Karine VERGNIOL

Voilà ! Merci beaucoup à vous, Marc-Antoine JAMET, président du Jardin d’Acclimatation. On rappelle, la saison brésilienne qui commence donc demain, juste de l’autre côté de la Porte Maillot. Merci beaucoup.

Marc-Antoine JAMET

Obrigado !

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