ACCUEIL | AGENDA | REVUE DE PRESSE | EQUIPE | CONTACT | MIEUX ME CONNAITRE | PHOTOS

8 MAR 2012

8 mars : la place des femmes au révélateur de Google

On cite toujours les tristes résultats de la parité en politique pour illustrer la place scandaleusement insuffisante faite aux femmes dans notre pays. Il est vrai que les chiffres ne sont guère élogieux pour notre démocratie. 50% des électeurs sont des électrices, mais seulement 13% des maires et des conseillers généraux, 19% des députés, 22% des sénateurs. Il n’y a pas de quoi pavoiser. Pour mettre fin à cet archaïsme injuste et inefficace, le remède est connu. Il a été expérimenté. La parité obligatoire, législativement imposée, au non-respect financièrement sanctionné, a donné aux femmes et aux hommes une représentation équilibrée au Parlement européen, dans les conseils régionaux, parfois dans les conseils municipaux. C’est la voie qu’il faut suivre. La proposition faite à Dijon, le 3 mars dernier, par François Hollande de regrouper, dans chaque département, les cantons deux par deux, profitant de cette réforme pour leur redonner une cohérence démographique et élire à leur tête un ticket mixte, va dans ce sens. La volonté du candidat socialiste de demander à son futur Premier Ministre de désigner un Gouvernement paritaire (comme, beaucoup plus modestement, notre secrétariat fédéral…) est également un point essentiel. La part de proportionnelle qui sera instillée dans les élections législatives constitue enfin une étape. Elle devra être suivie par beaucoup d’autres pour parvenir à l’égalité « politique » entre les sexes. Mais, ne parler que des institutions, des élections, des nominations, c’est évoquer une dimension, certes symbolique, mais partielle du problème…

C’est en profondeur que la seule différence objective, par-delà les origines ou les opinions, qui divise en deux parts égales, ou presque, l’humanité aboutit au constat de l’exploitation, de l’aliénation, de l’infériorisation d’une moitié de la population par l’autre. A travail égal, il n’y a pas de salaire égal. A compétence égale, il n’y a pas de carrière identique. Une preuve que le mal est profondément ancré dans notre société ? Quand au matin de ce 8 mars, on inscrit le mot femme sur un moteur de recherche Google, ce « big brother » numérique qui accompagne désormais notre vie et qui, sur tous les sujets, de manière idiote et non triée, tire notre portrait à coup de photographies, de textes et de vidéos mis en ligne, on mesure le chemin qu’il reste à parcourir. Les cinq thèmes que propose, de façon immédiate, le site américain méritent qu’on les cite. « Femme actuelle », le magazine dit féminin, « femme enceinte », « femme de footballeur », « femme de ménage », « femme battue », voilà les choix de consultation qui sont suggérés. N’espérons pas que l’on nous dise que les médecins qui nous soignent sont en majorité des femmes, que les professeurs qui nous forment sont en majorité des femmes, que les journalistes qui nous informent sont en majorité des femmes, que les fonctionnaires qui nous gèrent sont en majorité des femmes !

Certes, le tableau que nous brandit l’écran n’est pas celui de la réalité. Elle est, à tout le moins, porteuse, y compris par des détours dramatiques, de plus d’espoirs. Les possibilités d’avoir un autre regard, d’envisager une autre conception de la vie, se multiplient. La yéménite Tawakkul Karman a reçu le prix Nobel de la paix. Ellen Johnson Sirleaf est devenue la première femme à diriger un Etat africain. Edith Bouvier, l’héroïne de Homs, Marie Colvin assassinée par le régime syrien, Caroline Poiron témoignant de la mort, sous ses yeux, du cameraman Gilles Jacquier, son compagnon, ont montré ce qu’était le courage au féminin.

Mais pour quelques pas en avant, combien de menaces ? Les moyens du planning familial en recul. Des puissants dont les comportements s’affranchissent du simple respect, d’une élémentaire dignité pour des inconnues ou des collaboratrices. La montée de l’intolérance et du fanatisme qui prend en otages des filles, des soeurs, des mères. La candidate de l’extrême-droite qui semble ignorer ce qu’est le droit à son corps. Des intellectuels, des philosophes, des artistes qui affirment doctement et de plus en plus ouvertement que la prostitution, féminine s’entend, est un moyen comme un autre d’échanger un service contre de l’argent.

La cause des femmes doit mobiliser chacun 364 jours sur 365 pour que la dernière  journée, si officielle soit-elle, si internationale soit-elle, ne soit pas un repentir, mais une fête.

 

© 2011 Marc-Antoine Jamet , Tous droits réservés / Wordpress