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27 MAR 2011

Une belle victoire qui sonne comme un sérieux avertissement !

La Gauche, à l’issue des élections cantonales, a rempli ses objectifs dans l’Eure. Redonnant une nette majorité pour la quatrième fois à Jean-Louis Destans pour l’action duquel cette consultation est une approbation, saluant le travail de modernisation effectué par l’union de la Gauche dans le département, confirmant le résultat des régionales, le Conseil Général, solidement de droite il y a seulement une décennie, s’enracine durablement à Gauche.

De façon plus locale, il faut se féliciter du grand chelem que les socialistes et leurs alliés réalisent sur la quatrième circonscription depuis 2001. Il faut adresser notre reconnaissance à nos candidats. Ce sont eux, sur le terrain, au nom des valeurs de la Gauche et pour défendre l’honneur de la République, qui sont allés chercher cette belle victoire. Bruno Questel et Daniel Leho appuyés sur leur popularité, comme Jean-Luc Récher et Gaëtan Levitre, popularité établie à la tête de leur commune, ont livré, comme Leslie Cleret dans une situation moins acquise, une campagne digne, intelligente, efficace. Dans leur canton respectif comme au Conseil général, ils ne décevront pas ceux qui leur ont fait confiance.

La victoire est belle, mais l’avertissement est plus sérieux encore. Les scores sont éloquents qui font de cette élection un test inquiétant pour trois raisons.

1) La crise de confiance globale qui touche le pays et vient très directement de l’attitude du Président de la République et de son camp, mais pas uniquement de lui, produit ses effets mortifères. L’abstention démesurée, massive, premier parti de l’Eure comme du pays, n’est pas une indifférence locale. C’est une protestation nationale. Nous dévalons une pente qui fait préférer aux jeunes, aux classes populaires, à ceux qui n’ont pas d’emploi, à ceux qui souffrent, à ceux qui désespèrent, le retrait et la méfiance à la mobilisation républicaine. Si nous ne stoppons pas ce mouvement d’ici un an, les conséquences pourraient en être terribles à long terme sur un pays englué dans une dépression nerveuse collective, faute d’idéal, faute de renouveau, faute de projet, et donc sur notre territoire.

2) Personne ne peut se satisfaire des résultats relativement limités du Front National devant le Front Républicain. Pas d’élu, c’est bien le moins pour une formation qui est une ennemie de la démocratie. Car le bilan est catastrophique. Des duels de second tour avec le FN autant qu’on en craignait, 58% de voix frontistes à Vironvay, petit bourg prospère, un quart des voix à Louviers, il faut arrêter de siffloter en l’air et se rendre compte de ce que cela veut dire de banalisation de l’extrême droite. Les résultats sont là énormes, menaçants, hideux et, surtout, en forte progression ce dimanche par rapport au précédent. Les digues ont été rompues. Il faut sonner le tocsin. Partout où les partis « classiques » ne faisaient pas de politique, d’autres en ont fait à leur place !

3) L’apathie du débat public, l’absence de discussion idées contre idées, l’oubli de la nécessité d’une confrontation projet contre projet, est flagrante. Pour ne pas avoir parlé social, collèges, transports scolaires, dépendance, les candidats, souvent les candidats conservateurs ont renvoyé les électeurs devant le grand café du commerce de l’UMP, dans le barnum du ministère de l’Intérieur : sécurité, nucléaire, Islam. C’était le piège dans lequel il ne fallait pas tomber. Je ne suis pas sûr que nous l’ayons évité. Il faut revenir à l’essentiel. Notre responsabilité, collective, sera de recréer un élan intellectuel et politique, indispensablement républicain pour recréer une envie de débattre, de participer et de voter.

Les socialistes, qui ont leur part de responsabilité dans la situation, ont tout leur rôle à jouer pour l’avenir. Au contraire de l’essentiel de la droite gouvernementale et parlementaire locales dont le silence est assourdissant, ils se sont mobilisés contre l’extrême droite au lieu de la laisser enfler d’un tour à l’autre. Il leur faut s’affirmer comme les piliers de la reconquête républicaine. Nous devons, avec toute la Gauche, d’ici aux échéances de 2012, travailler.

A l’échelle nationale, cela passe par le primat absolu de la réflexion sur la division, y compris grâce ou à cause des primaires. Nous devons avoir rapidement un champion et un programme. A l’échelle locale, des décisions doivent être prises. Notre engagement implique de mieux mobiliser des militants plus nombreux et des sympathisants plus heureux autour d’une organisation territoriale plus efficace et renforcée de notre parti. Comme dans toutes les fédérations, notre fonctionnement ne peut rester ce qu’il est, fait de sections dispersées et débattant comme au temps béni, mais passé, de Jaurès à l’heure de l’internet.

Le goût du débat actif et clair doit revenir, plutôt que de vouloir rechercher loin de nos bases idéologiques le consensus à tout prix, plutôt que de rester dans le non-dit. Ne nous cachons pas derrière des enjeux qui, étant locaux, exigeraient l’unanimité. La démocratie est à un moteur à deux temps qui a besoin de deux pistons : la Gauche et la Droite.

Dans toutes les collectivités et intercommunalités euroises que la Gauche ne détient pas, une opposition forte à la droite locale, sous toutes ses formes, visibles ou cachées, doit être recherchée et réellement pratiquée.

Il faut donc, à l’issue de ce scrutin, prendre date, nous réunir et prendre le temps de regarder comment nous sommes capables, ou pas, de redresser la barre ou bien de voir le bateau s’enfoncer, même avec des victoires. Aucune élection ne se gagne par décret, encore moins une élection présidentielle, pas même une législative. Diriger la République, représenter la Nation, cela se mérite. A la Gauche qui a quatre circonscriptions à gagner dans le département, à chacun d’entre nous dans l’Eure, de s’en montrer conscient et digne.

© 2011 Marc-Antoine Jamet , Tous droits réservés / Wordpress