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18 JUIL 2020

Ce mardi 14 juillet, au Monument Mémoire et Paix, devant 200 Rolivalois, je m’exprimais lors du Rassemblement en l’honneur de la Fête Nationale.

Discours de M. Marc-Antoine JAMET,

Maire de Val-de-Reuil,

Président de la commission des finances de la région Normandie

A l’occasion de la Fête Nationale

Mardi 14 juillet 2020 à 11 heures – Monument Mémoire et Paix

Chers collègues, chers compatriotes, chers concitoyens, chers amis,

La France, dans nos cœurs, toujours doit être grande. C’est notre pays. C’est notre terre. C’est notre sang. Nous sommes ses enfants. Nous devons la servir et l’aimer. Comme si elle était unique. Comme si elle était première. C’est cet amour et cette admiration qui nous a donné la force et la confiance d’affronter, ensemble et pour la surmonter, la triple crise sanitaire, économique et sociale qui a surgi brutalement. Dans ce contexte, le 14 juillet m’autorisera un mot de politique générale avant de rendre hommage à la mémoire de trois Français.

Depuis une trentaine d’années et la disparition de ceux qui avaient connu la défaite et l’occupation, la résistance et la libération, la croissance et la décolonisation, il n’est plus évident, même si cela est moins démodé que cela l’a été, d’exprimer des sentiments d’appartenance et d’adhésion à l’égard de la Nation. Il arrive encore – rarement – qu’on apprenne à l’école « France, mère des arts, des armes et des lois, tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle ». Mais c’était Du Bellay, c’était la renaissance et c’était autrefois. La France a beaucoup changé depuis La Pléiade.

Aujourd’hui, on doute de notre puissance face à la Chine, aux États-Unis, à la Russie, à leurs armées ou à leurs usines, sans parler de ces rivaux que seront demain l’Inde, le Brésil ou l’Indonésie. On s’inquiète de notre influence limitée dans une Europe divisée, incapable de se fixer dix priorités ou de rendre leurs compétences aux États, une Europe dont le modèle est en crise et où nos voisins sont davantage des concurrents que des alliés.

Malgré Duras, Modiano le ténébreux Nobel, Yasmina Reza, Houellebecq adulé en Californie, Yourcenar et Le Clézio, en dépit de Levy, Barberie, Musso, Gavalda et Bussi sagement alignés sur la table de nuit du bon M. Priollaud, ainsi que nous l’apprenne les journaux, on constate le retrait de notre langue, de notre culture et de notre littérature. La francophonie était un océan. Ce n’est plus qu’un étang. Est-il en voie d’assèchement ? Sa survie passe désormais par le Niger et le Mali, le Tchad et le Sénégal, le Cameroun et le Burkina, la Côte d’Ivoire et le Gabon, le Congo et Madagascar, l’ancienne Indochine, paradoxalement par le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, peut-être le Liban, au nom des siècles, des diasporas, des immigrations et des familles partagés à condition que nous renforcions nos liens par l’intégration ici, dans la dignité, et la coopération, dans les respect, là-bas.

On parle du climat, mais on oublie cette autre bombe à retardement qu’est la démographie. Elle se charge plus vite. Elle explosera plus fort. Nous étions au siècle précédent 50 millions pour deux milliards et demi d’êtres humains, presque 5% de la population du globe. Nous ne sommes plus que soixante-cinq millions pour sept milliards : moins d’un pour cent de l’humanité. Il y a de quoi nous alarmer pour le futur, pour la planète pour la durabilité de notre existence sans développement mutualisé, réduction des productions carbonées et désarmement.

Le constat est rude, mais il existe des solutions.

Il nous faut retrouver pour vivre et nous épanouir une échelle qui corresponde à notre taille et préserve notre santé, nos paysages, notre identité et notre indépendance. C’est pourquoi le retour vers le local et la proximité, vers l’équitable et le raisonnable, vers la mesure et la nature, sont des orientations de fond qui, au-delà des formations politiques, doivent guider notre action à Val-de-Reuil comme ailleurs.

C’est le rôle de la puissance publique que d’y parvenir, elle qui est payée par l’impôt pour transformer des informations en décisions, mais la peur du leadership est telle que les ministres plutôt que de gouverner, donc de choisir et de prendre le risque de se tromper, préfèrent suivre des conventions citoyennes confectionnées au petit bonheur la chance, comme si le pilote d’un avion le stoppait en l’air pour demander aux passagers de déterminer au hasard l’endroit où ils veulent se poser, comme si vous tiriez au sort parmi des milliers de praticiens inconnus qui sera votre médecin de famille. C’est ainsi que, de grève civique en amnésie démocratique, la participation au second tour des élections municipales, marqué par le retrait/abstention des personnes âgées, a fabriqué le 28 juin de bien curieux résultats.

Une fois par an, cependant, une fois par an, au moins, grâce à la force de ses valeurs, de ses principes, de ses idées, la France continue d’éclairer le monde de sa grandeur et de sa générosité à la lueur d’une flamme républicaine qui reste à jamais exceptionnelle et sera pour toujours exemplaire. C’est cet éclat qui justifie notre présence, qui exige notre rassemblement sur toutes les places des villes et villages de France, de Paris à Val-de-Reuil malgré la grisaille et la menace de la pluie.

Élus, corps constitués, agents civils ou militaires, bénévoles associatifs, je vous en remercie. Je ne pouvais pas rester plus longtemps seul, comme le 8 mai dernier, à tous vous représenter au cœur de ce monument entre un officier de sapeurs-pompiers valeureux et un jeune porte-drapeau masqué.

Chacun connaît la signification de cette cérémonie. Il faut néanmoins inlassablement la répéter.

Le 14 juillet 1789, en brisant les chaines de la Bastille, en s’emparant de la vieille forteresse monarchique, en mettant la tête du Gouverneur de Launay au bout d’une pique, les artisans du Faubourg Saint-Antoine et les gardes-françaises mutinées ont marqué, par la violence et le sacrifice, la naissance d’un mouvement vers l’égalité, la liberté et la fraternité, que, pendant plus de deux siècles, aucun peuple citoyen n’allait oublier.

Le 14 juillet 1790, sur le Champ-de-Mars, en jurant fidélité à la Patrie, en déclarant la supériorité de la Loi sur l’arbitraire, en décrétant l’union nationale, 100.000 parisiens allaient poser le premier acte d’une grande révolution, à la fois terrible et magnifique, dont l’énergie féroce allait transformer le monde, impressionnant les deux Amériques, celle de Jefferson et celle de Bolivar, inspirant les révolutionnaires bolcheviques et chinois, avant que leur longue marche ne les conduise vers la dictature, devenant la référence obligée de la plupart des démocraties, creusant le sillon dans lequel, depuis que le 14 juillet fût proclamé, en 1879, fête nationale, s’inscrit la geste hexagonale. Nous en sommes les héritiers.

C’est pour cette raison suprême que nous ne pouvions déserter ce monument à la Mémoire et à la Paix. On ne confine pas l’Histoire et ses symboles. Sans repère, ni incarnation, il n’est plus d’État et plus de Ville, plus de vie politique et plus de services publics. Souvenons-nous de ces jeunes étudiants manifestant spontanément, chantant la Marseillaise, brandissant le drapeau tricolore sous le nez de l’ennemi, le 14 juillet 1940 à l’Arc-de-Triomphe. Quand tout était perdu, ils ont affirmé que tout était gagnable. Notre risque est autrement plus faible. Oui, il était normal, en songeant à de tels précédents que nous consacrions cet instant à notre Patrie. Oui à la distanciation sociale. Non à la distanciation historique.

Pour leur rendre hommage, je voudrais maintenant parler de deux militaires. Le nom de l’un est si souvent cité que, à lui seul, il suffit à rappeler sa gloire. C’est le Général de Gaulle. Je ne sais si « tout le monde est, a été ou sera gaulliste » comme le proclamait André Malraux, mais le géant à la croix de Lorraine, né à Lille il y a 130 ans, mort à Colombey-les-deux Églises il y a 50 ans, a fait du 18 juin 1940, il y a 80 ans, un triple jour de vérité.

La vérité de sa conscience : mieux vaut être à Londres, entouré des compagnons fidèles à la France Libre qu’à Vichy dans le faste thermal du Gouvernement de la collaboration. Investi de charges publiques, il faut savoir ne pas se tromper, préférer l’honneur à l’intérêt. On peut décider seul, mais il faut que cela soit dans le bon sens. On est toujours responsable de ses actes.

La vérité de la patience : entre le moment où le capitaine de Gaulle cesse toute opération armée en 1920 et la date à laquelle il entre dans le Gouvernement de Paul Reynaud en mai 1940, à 50 ans, il s’est écoulé 20 ans. 20 ans de propositions et de rebuffades. 20 ans d’espoirs et de désillusions. Entre le moment où il abandonne toute fonction le 20 janvier 1946 et son retour au pouvoir le 1erjuin 1958, il lui faudra attendre douze ans, rédiger ses mémoires enfermé à La Boisserie et atteindre l’âge de 68 ans. Quelle différence avec certaines trajectoires supersoniques.

La vérité de la cohérence : trois discours, pas un de plus, résument le Général de Gaulle, Brazzaville, Bayeux et Épinal. Ils forment sa pensée, son corpus idéologique et il restera fidèle, en créant la cinquième république ou sur la scène internationale, à ce qu’il avait écrit, décrit et promis. Pas de valse des étiquettes suivant les majorités et les Gouvernements, pas de pensée changeante au fil des élections ou selon les générations. A l’esprit girouette, il préfère la force tranquille de la falaise ou du rocher.

Le Général de Gaulle, mégalomane, conservateur, cruel, dépressif, manipulateur, dissimulé, comme politicien, n’était pas un ange, mais, comme homme, il a fait preuve de qualités peu communes de courage, de lucidité et d’action, d’un dépassement de soi et d’une vision qu’on retrouve peu, pas ou plus chez nos contemporains. Conscience, patience et cohérence, cela n’est pas valable qu’à l’Élysée ou au Palais-Bourbon, c’est aussi une ligne de conduite qui peut avoir, à de modestes échelons, sa pertinence dans une région ou une agglomération, expliquer que certaines défaites valent bien des victoires, faire la part entre les individus qui réfléchissent avant d’agir, qui parviennent à exprimer un besoin collectif, un intérêt général, qui ont un certain charisme et une certaine stature et ceux qui, hélas, quelle que soit leur bonne volonté, en sont dépourvus. Ce n’est pas seulement une leçon du passé. C’est une feuille de route pour l’avenir. Il est étonnant de constater que ce sont – précisément – ceux qui ont fomenté l’attentat qui, vont honorer, à Belle-Île, la cible qu’ils ont ratée, sur la route du Petit-Clamart, 60 ans plus tôt.

Le second militaire que je veux honorer devrait nous être aussi familier que le premier. Il n’était pas général, mais simple soldat. Nous l’avons croisé et salué au repas des anciens, dans nos rues, à chacune de nos manifestations. Nous l’avons côtoyé pendant des années, avant que la maladie ne l’écarte des commémorations.

Bernard Boivin était né à Rouen, « la ville aux vieilles rues, aux vieilles tours, la ville aux cent clochers carillonnant dans l’air », le 19 janvier 1941, au cœur de la seconde guerre mondiale, quand les Anglais, à l’offensive, se ruent sur Tobrouk, le jour où Mussolini, apeuré, se précipite chez Hitler à Berchtesgaden parce que ses troupes partout sont enfoncées en Albanie, en Grèce, au Soudan en Érythrée. Très tôt, en 1949, à huit ans, il perd ses parents, est séparé, lui le benjamin de la fratrie, de ses deux frères qu’il ne retrouvera pas, est placé comme pupille de la Nation. Les jeunes gens d’aujourd’hui n’imaginent pas toujours les privations et les souffrances qu’ont subies leurs parents pendant et après la seconde guerre mondiale.

Est-ce un effet de cette enfance où il entendra le pas des bottes nazies sur les pavés, où il connaîtra les bombardements alliés sur la Normandie ? Il va dans sa jeunesse embrasser une carrière militaire. A l’âge de vingt ans, comme beaucoup de jeunes de milieu populaire, il part pour l’Algérie, d’abord au 51èmerégiment d’infanterie. Sur le drapeau de son unité, il voit les exploits de ceux qui l’ont précédé derrière deux noms qui y ont été inscrits par des braves et des héros : Arcole et Verdun. Pour deux des années les plus difficiles et cruciales de la tragédie algérienne, 1961 et 1962, il va servir dans l’Algérois, l’Oranais, le Constantinois. Après les accords d’Évian, il s’engage pour cinq ans et est versé dans un régiment d’élite, le premier régiment parachutiste d’infanterie de marine, le 1erRPIMA de Bayonne qui a été engagé à DienBienPhû, Suez et Bizerte, héritier des forces spéciales de la France Libre, fier de sa devise « Qui ose gagne » traduite de celle des commandos britanniques « who dares wins ». Comme Rimbaud, il ira en armes à Djibouti.

Son contrat terminé, il est probablement temps pour le béret rouge de revoir sa Normandie. Nous sommes en 1967. J’imagine que c’est à ce moment-là qu’il rencontre celle qui va devenir sa femme, Monique, qu’il va épouser le 24 février 1990. Ensemble, ils auront avoir trois filles, Aurélie, Mélissa et Élisa, mais il élèvera également les trois enfants que son épouse a eue d’une précédente union. Il était heureux d’être le grand-père de cinq petits-enfants qui le lui rendaient bien : Enzo (13 ans), Maéva (10 ans), Killian (7 ans), Sophie (4 ans) et la petite dernière Annabella.

De retour dans le civil, il ne reprendra pas son métier de garçon de ferme. Il en connaît l’extrême dureté. Il est recruté comme aide-raffineur aux Papeteries Navarre de Grand Quevilly, puis à la Société Parisienne de Gardiennage à Rouen, enfin comme ripeur à la société Vilain de Beaumont-le-Roger. Trois expériences qui usent et fatiguent. Il prendra une retraite bien méritée en 2001.

Marsouins et légionnaires, d’ordinaire, ne font pas toujours la paire, mais c’est, chez les képis blancs, un soldat exceptionnel qui va lui tendre la main et, chez nous, l’embarquer dans toutes ses associations, locataires avec la vaillante ALTAM, anciens combattants avec la célèbre ARACA, jardinage avec les Jardins Familiaux. On l’a compris : Bernard Boivin va rejoindre Antonio Antoniolli. Il resteront fidèles l’un à l’autre jusqu’au décès de l’adjudant-chef italien devenu un des plus éminents conseillers municipaux de notre Ville, un ami qu’une plaque honore en ce jardin.

J’ai un souvenir précis de Bernard Boivin. Il lui arrivait de grommeler quand il n’était pas content, mais c’était un Rolivalois fier de sa ville et reconnu. Il a été notre porte-drapeau. Nous lui avons confié notre étendard et seule la maladie, en 2005, lui faisant perdre l’usage de la parole et des jambes, l’a obligé à passer le relais. Il nous a quittés brusquement voici quelques jours à l’âge de 79 ans. Sa famille avait veillé sur lui. A notre tour, nous lui devions hommage et reconnaissance. Bernard Boivin, là où vous êtes, avec Saint-Michel, patron des chevaliers du ciel, nous vous saluons et nous vous remercions. Je suis ce matin votre porte-drapeau.

Avant de vivre à Val-de-Reuil pour trois décennies, voie de la Bucaille, puis Voie des Rougettes, Bernard Boivin avait habité à quelques kilomètres de chez nous à Saint-Étienne-du-Vauvray.

Nous connaissions bien et pour de multiples raisons Daniel Dugord, un des maires de cette belle commune limitrophe de la nôtre. C’est dans ce rôle que je l’ai d’abord connu accueillant Laurent Fabius en l’an 2000 à l’occasion de l’inauguration de la médiathèque Jules Verne pour la création de laquelle il s’était battu. C’était son jour de gloire, un jour de reconnaissance des habitants, un jour où il rayonnait. D’une certaine façon, son mandat de premier magistrat donnait un éclairage à un engagement de 25 ans, un quart de siècle, comme conseiller municipal, un engagement pour servir et non se servir. Je garde un souvenir fort de cette journée.

Daniel Dugord était un homme de bien. Un homme droit et positif. Un homme généreux et solidaire. Un homme réservé sur lui-même et efficace pour les autres. Un homme de conviction républicaine. Il est décédé, prématurément, victime de la maladie contre laquelle, depuis des années, il luttait avec courage, le 2 mai dernier à l’âge de 69 ans. Issu d’une famille nombreuse et d’un milieu modeste, entré à quinze ans à l’école normale d’Évreux, c’était un pédagogue. C’était un professeur. C’était un progressiste. Il devait tout, disait-il, à l’éducation, ascenseur social et passion de sa vie. Plus qu’un hussard de la République, Jules Romains en aurait certainement fait, entre Jallez et Jerphanion, témoins et passeurs de leur époque, un de ses « Hommes de bonne volonté ».

Après avoir débuté au collège du Hamelet, il avait été le principal ou le proviseur de plusieurs établissements importants de Haute-Normandie, sa région de naissance en 1951, à Hectomare, en Seine-Maritime. Un passage au Collège Branly de Grand Quevilly ne doit pas être oublié. Mais, pour nous, il reste le chef d’établissement de Pierre Mendes-France, pendant sept ans, et, pendant huit années, un des grands proviseurs du Lycée Marc Bloch que ce laïc farouche avait porté sur les fonds baptismaux. Certes, il choisit de finir sa carrière au Lycée André Maurois d’Elbeuf, mais pendant quinze ans il a veillé sur nos enfants, créant avec moi l’atelier Sciences Po qui a fait émerger tant de talents. J’avais été ému par la grande interview dans la presse locale qu’il avait donnée au dernier jour de sa mission. Il y disait sa croyance absolue dans le caractère salvateur de l’éducation, en la mission sacrée de l’enseignant : ne jamais se décourager, voir toujours dans un élève, même le plus mauvais, le bon côté qui va le sauver, inventer et innover pour continuer à faire de l’école, du collège, du lycée les étoiles brillantes du savoir et de la République.

Il n’avait pas cessé, sa tâche accomplie, de parcourir Val-de-Reuil avec ses longues jambes, ses lunettes d’écaille, sa grande taille, sa moustache poivre et sel. Parfois on croisait sa silhouette qui, dans ces circonstances, n’était pas sans rappeler celle de M. Hulot ou du facteur de Jour de Fête, en vélo, autour de la boucle de Poses, profitant du temps retrouvé.

Il continuait de se mobiliser à travers des engagements associatifs sélectifs et déterminés, « Lire et Faire lire » contre l’illettrisme et l’inculture ou « Amnesty International » pour la Justice et contre la violence, contre le racisme aussi, le poison de la ségrégation qui, depuis les États-Unis, sur un compte twitter, se répand comme le pire message du populisme, ne laissant plus aux prises que ceux qui veulent nier l’histoire en ne changeant rien de leurs haines, de leur mépris, de leur a priori contre celui qui n’est pas blanc de peau et ceux qui, en abattant des statues, veulent réécrire l’histoire plutôt que la regarder et l’expliquer.

Nous voulions que le nom de Daniel Dugord, je pense à Jacques Lecerf particulièrement, soit cité, ici, en ce jour, pour le remercier, lui l’homme de Gauche intègre et sincère, à l’ancienne, et adresser un message d’amitié à son épouse Sylvie qui fût, pas seulement, infirmière parmi nous, à ses trois filles et à leur famille, l’une d’entre elles est professeur de mathématiques comme son père, à ses trois petits enfants.

C’est enfin, pour conclure ce propos, à deux communautés que je veux rendre hommage.

D’abord aux agents de notre Ville qui, sous la direction de notre directeur général des services, M. Julien Tristant, avec leurs partenaires des services de l’État, ceux de l’enseignement et ceux de la police, ceux du bassin d’essais et ceux du centre de détention, avec leurs collègues du département, je pense en particulier aux pompiers, ont continué, entre le 15 mars et le 11 mai, de servir avec courage, abnégation et altruisme, la population de Val-de-Reuil. Comme si de rien n’était. Tout en faisant démarrer les premiers chantiers de notre dossier à 137 millions d’euros : l’ANRU. Avec la superbe équipe municipale que j’ai la chance d’avoir pu rassembler, des femmes et des  hommes ouverts et enthousiastes, ce qui donne son prix à notre compliment, nous vous disons merci.

La seconde communauté que je veux honorer par nos mots est celle des soignants, celle de la médecine de ville et celle de l’hôpital, celle qui réunit spécialistes, lingères, administrateurs, infirmiers et infirmières, directeur, personnel de sécurité, médecins, internes, chef de clinique, secrétaires, docteurs, professeurs, français et étrangers, dans des établissements privés, en profession libérale, dans le service public de la santé. Ils ont tenu la ligne de front. Ils n’ont pas déserté. Il ont sauvé, assisté, entouré. Ils en ont payé le prix fort et il serait juste de parler de sacrifice en citant leurs morts. Aucune médaille ne viendra compenser cela. Seule la prise en compte de leur souffrance sociale, la fin de l’indifférence matérielle avec laquelle ils sont traités, pourra apporter une juste compensation à l’énergie et au temps qu’ils consacrent quotidiennement, à préserver la vie et à faire reculer ses limites.

Ayant dit cela je voudrais faire deux remarques. Ne jouons pas avec le feu, ne jouons pas avec la mort. Trop de gens ne respectent pas les gestes-barrière, trop de gens n’observent pas la fameuse distanciation sociale, trop de gens ne portent pas de masques. Le virus est là. Le nombre des appels à SOS-médecins, des contaminations, des hospitalisations ré-augmente. Je ne veux pas crier « au loup », mais faisons attention. C’est la raison pour laquelle j’ai été choqué de lire une lettre signée des noms d’une vingtaine de médecins de notre commune et des alentours regrettant que Val-de-Reuil ait bénéficié d’une campagne de dépistage parce qu’il n’en avait pas été assez prévenus. Venus de la part de gens qui, pour certains d’entre eux, n’ont jamais fait l’effort de voir le maire, représentant de l’État, ou distillent des informations, dont il aurait besoin, à des gens à qui elles ne sont pas destinées, je trouve cela déplacé. Il y a suffisamment de malades et de pauvres à Val-de-Reuil pour que personne ne se les arrache. Inversement quand j’entends que, dans notre église décorée d’un vitrail neuf évoquant la Pentecôte, un prêtre a demandé à ses paroissiens de se donner la main et d’ôter leur masques, en dépit de la protestation d’un médecin qui assistait à l’office, les bras m’en tombent. Pour ce qui est de notre sort ici-bas, le serviteur de Dieu doit s’effacer devant l’homme de science et l’écouter. Sinon il lui en coûtera. Comme n’importe quelle autre manifestation, s’il y a danger et irresponsabilité, je peux interdire les messes. Mon supérieur en la matière n’est pas l’évêque, mais le préfet. Mes évangiles seront le pouvoir de police. C’est un ultime avertissement.

Enfin puisque une minute de silence nous réunira bientôt, je souhaite qu’à tous les morts de la patrie, tombé au champ d’honneur au cours des conflits ou des opérations de maintien de la paix, nous associons les 30.000 femmes et hommes souvent très âgés, que cette maladie a emportés avant l’heure. Pour ma part, je penserai, pour le pleurer, à mon ami Henri Weber.

Vive Val-de-Reuil, vive la République, vive la France.

13 JUIL 2020

14 x 7 = 14.07 pour la fête nationale, le 14 juillet 2020 à 23 heures, tous à vos balcons, tous à vos fenêtres.

14 x 7 = 14.07 pour la fête nationale, le 14 juillet 2020 à 23 heures, tous à vos balcons, tous à vos fenêtres.

À Val-de-Reuil, on ne renonce jamais. C’est même la marque de l’esprit rolivalois. Alors que la plupart des communes de l’Eure, comme partout en France, ont annulé leurs feux d’artifice des 13 ou 14 juillet, la Ville, pour marquer la fête nationale, a décidé, au contraire, de maintenir cet instant de joie républicaine, cet évènement bleu-blanc-rouge, son feu d’artifice considéré comme un des plus beaux de sa catégorie dans le département. Nous ferons donc partie des 3 communes qui « maintiendront » la tradition tandis que 92 « ont mis les pouces ».

Bien sûr, il n’y aura aucun rendez-vous au Parc Sud. Pas de « belle verte » ou de « belle jaune », pas de lâchers de lanternes lumineuses, de fête foraine, de barbe-à-papa et de bal. Que les milliers d’habitués ne se déplacent pas, ils trouveraient porte close. Nous aurions d’ailleurs été dans l’incapacité, au milieu de l’obscurité et des explosions de fusée, de faire observer gestes-barrière, distanciation sociale et port du masque aux sept ou huit mille personnes, venues pour certaines des communes voisines, qui, sur plusieurs hectares, se pressent à cet événement. Or la sécurité face à l’épidémie de Covid 19 est un impératif.

Il a donc fallu innover. Cela ne nous est pas tout-à-fait étranger. Nous nous sommes inspirés de ce qui avait si bien marché pour la fête de la musique lorsque nous avions mis DJ, chanteuses, orchestres classiques et groupes rock sur les toits, celui de la mairie en premier, pour éviter la cohue et les rassemblements. Ce fût un succès. Same player shoot again !  Mais, évidemment, nous y avons mis une petite dose de surprise.

14 x 7 = 14.07. Tout tient dans cette étrange formule. Le 14 juillet, ce sera sur 14 sites, gardés secrets, clos et inaccessibles, très régulièrement disséminés sur la Ville, 14 feux de 7 minutes chacun magnifiant le drapeau tricolore. Pour attirer chacun à son balcon, à sa fenêtre, en proximité, il y aura un peu de son avant la lumière. De puissantes enceintes nous y aideront. D’abord quelques bêtes innocentes et grésillantes nous rappelleront, vers 22h30, que, en Normandie aussi, c’est l’été depuis le 21 juin. Ensuite la sonnerie solennelle des trompettes chères à Maurice Jarre retentira dans la nuit. Il s’agira d’introduire un discours fameux, impressionnant, essentiel, les mots d’un des personnages les plus connus de l’Histoire contemporaine de la France. « Honneur et Patrie », sa voix s’élèvera depuis Londres pour que, en cette année pour lui triplement anniversaire, on se remémore l’homme qui sauva la France de la honte et de la défaite. Viendra alors le temps d’une marseillaise à deux couplets invitant à « l’amour sacré de la Patrie« . Il sera temps vers 23 heures que les premières détonations retentissent synchronisées sur 14 points d’Est en Ouest, du Nord au Sud de la Ville. Bienheureux ceux qui auront pris un peu de hauteur depuis une colline, le spectacle n’en sera que plus beau. Un chœur à bouche fermée, parmi les plus célèbres, nous ramènera ensuite vers le sommeil.

Le matin, comme à l’habitude, avec l’ensemble du conseil municipal, aura eu lieu, à 10h45, une cérémonie officielle et ouverte au public (l’endroit est très marge et venté) au monument « mémoire et paix ».  Le Maire y rendra hommage au Général de Gaulle, mais aussi à Bernard Boivin, porte-drapeau rolivalois, et à Daniel Dugord, ancien proviseur du lycée Marc Bloch. Après la minute de recueillement et l’hymne national exécuté, un très bref conseil municipal extraordinaire se tiendra au Lycée Marc Bloch pour désigner les grands électeurs de Val-de-Reuil (33 titulaires, 2 remplaçants pour le maire et l’adjoint aux finances qui votent déjà, l’un comme président de la commission des finances de la région Normandie, l’autre comme conseiller départemental de l’Eure, et 9 suppléants) aux sénatoriales de septembre 2020 et un apéritif convivial sera donné dans les jardins du lycée.

Communiqué de Marc-Antoine JAMET

Maire de Val-de-Reuil,

Président de la commission des finances de la Région Normandie 

9 JUIL 2020

Pour une agglomération (enfin) démocratique, efficace et moderne !

Pour une agglomération (enfin) démocratique, efficace et moderne !

Ce soir, lorsqu’il faudra élire le Président de l’agglomération Seine-Eure, avec mes camarades et amis rolivalois, nous voterons pour le candidat de la Justice Sociale, de l’Égalité des Chances et du Progrès, pour le Maire de Pont-de-l’Arche Richard Jacquet. Cela n’empêchera pas le conservateur, le sortant Bernard Leroy de l’emporter. Confortablement. Logiquement. Adhésion opportunément sollicitée de quelques communes géographiquement éloignées, mais politiquement complices, fusion avec Eure-Madrie-Seine cousine désargentée accueillie à bras ouverts non sans arrière-pensées, campagne électorale activement menée depuis quatre mois à pas feutrés, prébendes et finances sagement pré-distribuées, le vainqueur, derrière une bonhommie de chanoine, est habile. C’est un talent indispensable pour gagner et ce n’est pas sa seule qualité. Il n’empêche : cette élection expédiée en catimini prive plus de 100.000 citoyens d’un débat de fond sur l’avenir et la forme de leur agglomération. Alors, comme rien ne sera audible dans le tumulte du triomphe annoncé, il faut prendre les devants et rappeler quelques vérités.

Cette victoire ne sera pas démocratique puisqu’elle ne bénéficiera pas de l’onction du suffrage universel. Seine-Eure n’est pas une collectivité locale. C’est un établissement public. Ceux qui y siègent ne sont pas les représentants politiques d’une population, mais les « délégués » administratifs d’un territoire. Ce ne sont pas des députés, mais – au mieux – des ambassadeurs. Ils n’ont pas été choisis sur un programme ou pour un visage, mais préemptés automatiquement et collectivement parmi les premiers des listes qui se sont affrontées aux dernières municipales. Nul n’aura donc la naïveté de croire que les habitants concernés auront été consultés, ne serait-ce qu’au second degré, pour désigner les « conseillers » intercommunaux qui vont former, pour une soirée, un corps électoral éphémère. L’opération ne pourra se dérouler qu’en détournant les yeux de deux ou trois inégalités dérangeantes. Les délégués de Crasville ou de Saint-Germain-de-Pasquier, collègues estimables, compte tenu de la taille de ces communes, auront été portés, tout au plus, par une grosse centaine de supporters (1 délégué pour 125 habitants), tandis qu’il en aura fallu plusieurs centaines pour nommer ceux de Val-de-Reuil (9 délégués pour 15.000 habitants) ou de Louviers (une dizaine pour 18.000 habitants). Ces contorsions s’expliquent par l’objectif recherché : on peut douter qu’une communauté regroupant 105.000 femmes et hommes, au terme d’une compétition rationnelle, se donnerait pour président, quel que soient ses mérites personnels, le Maire d’une commune de moins de 4000 âmes dont les candidats sont, depuis vingt ans, régulièrement battus aux législatives, aux régionales, aux cantonales. On passera sur le manque de parité, l’absence de diversité, l’âge élevé des membres de l’Assemblée qui débute, puisque ce ne sont là -précisément- que les conséquences du manque de légitimité démocratique qui la fonde.

Cette victoire sera celle de la confusion. Qui peut-dire quelles sont les compétences de l’intercommunalité  ? Personne. Pas plus que le nom de ses principaux responsables. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits. Tantôt l’agglomération exerce ses pouvoirs dans leur plénitude, mais sur une partie seulement de son territoire (jeunesse, urbanisme). Tantôt elle les pratique sur la totalité de sa superficie, mais de façon incomplète (propreté, politique de la ville). Parfois, son action fait apparaître les vertus de certaines mutualisations (eau, assainissement). Parfois, au contraire, sa présence ne se fait qu’au profit d’une seule et unique commune (patinoire et piscine de Louviers, conservatoire de Gaillon, centre d’artisanat du Vaudreuil, etc…). Coexistent en son sein l’excellence du cousu main pour faire briller les événements de prestige ou d’image qui servent sa communication (marathon, coopération avec le Bénin, fêtes nautiques, petites scènes théâtrales), mais dont rien ne justifie l’organisation, et, pour gérer son fonctionnement quotidien, c’est à dire les conditions de vie de dizaines de localités, bref tout ce à quoi elle devrait s’obliger, l’uniformité d’un prêt à porter grisâtre imposé à tous au mépris des identités, des traditions, des histoires, des particularismes et des cultures. Une décision pourrait mettre fin à ce ronronnement sinistre qui fait le jeu des populistes. L’agglomération, aussi méconnue et mal-aimée que l’Europe, son modèle en voie de putréfaction, restituerait l’ensemble de leurs compétences aux communes, plébiscitées par les Français, et se consacrerait à dix priorités définies en commun, à dix synergies acceptées par tous. On appellerait cela « subsidiarité ». Quelle belle idée ! Ainsi Seine-Eure, structure attrape-tout s’agitant dans tous les sens, grenouille qui se prend pour un bœuf, embrassant trop pour bien étreindre, au lieu de dépenser l’argent des communes pour faire à leur place ce dont elles sont parfaitement capables, se concentrerait sur le temps long et les initiatives structurantes synonymes d’emploi et de croissance.

Cette victoire sera celle de l’immobilisme. A 60 clochers la paralysie guette autant notre rassemblement qu’à 27 pays le continent. La gestion d’un aussi vaste ensemble impose d’être ambitieux, innovant et pragmatique. Gageons que, dans notre cadre quasi fédéral, aucune réforme d’importance ne verra le jour avant 2026. Trois décisions témoigneraient pourtant chez celui qui les mettrait en œuvre d’une certaine force de caractère, de la priorité donnée à l’intérêt général et d’une véritable hauteur de vue. D’abord, arrêtons de plaindre hypocritement les petites communes. Elles n’ont plus les moyens de leur gestion, de leur entretien, de leur sécurité. Le temps des vaches grasses, s’il revient un jour, est encore loin qui pourrait les leur redonner. Il faut fusionner, construire des ensembles viables, jouer de la proximité. On se fait peu d’amis en affirmant cela, mais Alizay, Pitres et Le Manoir ont des choses à se dire. Incarville et Pinterville, c’est Louviers. Léry et Poses, qui ont, avec Val-de-Reuil, des préoccupations, des dossiers, des projets en commun, devraient se rapprocher. On peut multiplier les exemples. Ensuite, cessons de fermer les yeux sur la situation privilégiée de ces villages à faible fiscalité qui profitent – et c’est heureux, car c’est cela la solidarité – des impôts plus élevés des villes voisines pour jouir de leurs services publics, non sans leur asséner – c’est osé – des leçons de frugalité. Une meilleure répartition des efforts entre tous les contribuables de Seine-Eure serait plus moral que ponctionner les recettes des quartiers les plus pauvres. Enfin ne traitons pas un ensemble de 543 km2 et de 173 millions de budget comme un canton creusois. Il est temps de subdiviser ce géant normand en sous-ensembles à taille humaine, entre cinq et dix « arrondissements », à partir desquels seraient gérés un certain nombre de missions de proximité sous le contrôle des élus qui en sont issus. Va-t-on encore longtemps, entre Vexin normand et Métropole de Rouen, décider de tout et de rien, de la pluie et du beau temps, du sexe des anges et de l’âge du capitaine depuis le bâtiment hideux, mal foutu et technocratique qui abrite le haut commandement de l’agglomération ? Pour combler un trou sur une route à Alizay ou à Acquigny, verser un demi-seau de bitume exige-t-il vraiment, en 2020, un ordre en trois bordereaux tombé depuis le quartier général de la Place Thorel ?

Enfin, quand bien même son nouveau président (dont j’ai dit qu’il se pourrait bien qu’il ressemble à l’ancien) ferait-il preuve le plus souvent de courtoisie républicaine et d’équanimité personnelle à l’égard de ses opposants qu’il consulte souvent et écoute rarement, combien de temps feignera-t-on de croire qu’il dirige son fief autrement que selon les mécanismes politiques qui le rattachent à la droite ? Ses barons, Moglia, Dufour, Bidault sont de droite. Ce n’est pas une attaque. Ils ne s’en cachent pas. Ses alliés, Terlez et Priolaud (auquel il donnera indemnité et statut particuliers sans s’en expliquer), sont de droite et ont été reconduits grâce à la navrante désunion de la Gauche lovérienne, certes, mais également en les dopant aux millions d’Euros que région et agglomération leur ont versés pour les garder en leur giron libéral. Il n’est pas jusqu’à ses querelles contre Lehongre, son inimitié pour Lecornu à qui il préfère, tous les gouts sont dans la nature, Maurey et Morin, qui ne soient typiquement de droite. Reconnaissons toutefois que son caractère affable et des convictions sans sectarisme, ses valeurs, son humanisme peut-être, poussent Bernard Leroy à s’entourer de toutes les sensibilités, à défaut de gouverner avec elles, à ne rejeter, en dehors des extrêmes, aucun des membres de son mini-parlement. Il faut lui en savoir gré. C’est pour cela qu’il prête peu le flanc aux attaques et que ces contempteurs, j’en suis le premier, passent facilement pour d’horribles personnages. Il lui arrive même de faire montre de neutralité, voire d’impartialité, presque de bienveillance, lorsque la distanciation sanitaire l’éloigne de ses mauvais génies, le bon docteur Madroux, qui coula notre base de loisirs, et le brave conseiller Jubert, invisible au département. Mais sa quête éperdue d’unanimisme, ce besoin louable de consensus, ne peuvent faire oublier les astuces qui, depuis l’origine de l’intercommunalité, visent à éviter méthodiquement questions et débats : ordres du jour surchargés qui font trancher dans la nuit des points essentiels, relégation des mal pensants aux derniers des gradins tandis que les bénis-oui-oui monopolisent les premiers, sujets budgétaires minimisés et expédiés, impossibilité d’amender, absence de public, séances non retransmises, opposition ne bénéficiant d’aucun moyen, refus des discussions de fond, indignation orchestrée lorsqu’un échange dure plus qu’un instant.

Alors oui, pendant six ans on peut cohabiter avec Bernard Leroy et ce peut être délicieux. Comme la table d’hôtes d’une pension de famille accueillante. Nous l’avons déjà fait. À l’usage, il n’est ni un despote, ni un dément. Son commerce est agréable. Tout juste devrait-il par un courageux coming-out avouer sa coupable passion pour l’antique démocratie chrétienne. Les choses seraient plus franches. Mais, une fois tous les six ans, à l’orée d’un mandat, et à chaque échéance importante, par clarté, par honnêteté, par cohérence, il faut aussi oser lui dire que, si son propos est responsable et structuré, s’il est facile de se retrouver avec lui autour de mesures de bon sens, de décisions locales, d’initiatives dont on conviendra qu’elles ne sont ni de Gauche, ni de droite, ses idées politiques, son positionnement à l’extrême centre et son giscardisme rural, son désintérêt pour les plus faibles, son indifférence pour les moins riches, son silence sur les questions éducatives et sociales, bref son projet de société, ses initiatives et ses priorités économiques qui le rapprochent de Raymond Barre ou d’Antoine Pinay, ne sont décidément pas les nôtres qui préférons Mendès-France ou Mitterrand. Je ne le lui cache pas en privé. Il me revenait naturellement de le lui rappeler publiquement.

Marc-Antoine JAMET

Maire de Val-de-Reuil,

Président de la commission des finances de la Région Normandie 

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