ACCUEIL | AGENDA | REVUE DE PRESSE | EQUIPE | CONTACT | MIEUX ME CONNAITRE | PHOTOS

23 NOV 2016

La planète cosmétique était à Chartres pour la 14ème édition du Congrès Réglementaire Parfums et Cosmétiques le 16 novembre dernier

Discours de M. Marc-Antoine JAMET

Président de la Cosmetic Valley

Ouverture de la 14ème édition du Congrès Réglementaire Parfums et Cosmétiques à Chartres

16 novembre 2016 – 9h30

 

Chers amis,

Un congrès commence toujours par des remerciements et je voudrais ne pas déroger à la règle, même si j’aperçois sur vos bureaux un inquiétant formulaire d’évaluation des orateurs qui invite à la concision. Je crains que votre jugement sur cet item ne me soit pas favorable…

Notre reconnaissance va évidemment, en premier lieu, vers la Ville de Chartres et son député-maire, notre ami Jean-Pierre Gorges. Ils ne nous ont jamais ménagé leur aide. J’y associe naturellement Loïc Bréhu qui vient d’ouvrir cette journée et que, avec Chartres Métropole l’agglomération, nous trouvons toujours à nos côtés, pour nous aider concrètement et nous soutenir matériellement. Qu’il s’agisse du nouveau siège de notre pôle de compétitivité ou de la réalisation d’un incubateur, la fabrique de la beauté, qui accueillera nos start-up, ces collectivités sont plus que des partenaires pour édifier notre cathédrale. J’aurais garde d’oublier François Bonneau et la région Centre qu’il préside, ni le sénateur Albéric de Montgolfier qui veille aux destinées du département d’Eure-et-Loir. Ils sont toujours bienveillants, à notre écoute et se comportent en alliés.

Mais c’est surtout vers vous qui avez l’amabilité très matinale de m’écouter que va ma gratitude, vous qui accompagnez fidèlement et activement nos travaux. Un premier recensement – qui n’ayant pas été confié à un institut de sondage doit être juste – établit que vous vous êtes inscrits pour y participer encore plus nombreux que l’année dernière. On m’assure que vous êtes désormais 550 et venez de 40 pays. Nous allons devoir repousser les murs. La planète cosmétique est à Chartres ! Vous représentez des entreprises, elles-aussi plus nombreuses, mais surtout plus diversifiées. Il n’est pas jusqu’à votre profil qui a évolué. Naguère, c’étaient leurs dirigeants, implicitement polyvalents, qui suivaient directement nos travaux. Témoignant de la création de services ou de directions « corporate affairs » dans de nombreuses sociétés, de la priorité donnée à cet aspect du business, ce sont aujourd’hui des spécialistes, plus jeunes, souvent des femmes, qui se consacrent entièrement à ces sujets ardus. Vous êtes donc les ambassadeurs et les ambassadrices d’un tissu industriel qui n’a rien à envier à celui de l’automobile allemande et qu’on devrait saluer davantage. Mais, et on peut le regretter, ce genre de reconnaissance n’est pas fréquente en France. Contrairement à une réputation bien établie, nous pratiquons peu l’autosatisfaction. Vous êtes pourtant ceux qui donnez de la crédibilité et de la légitimité à notre pôle de compétitivité. Sans vous la Cosmetic Valley n’existerait pas ! Par votre affluence et votre influence, vous êtes le baromètre exact de l’intérêt de cette journée et de la qualité de notre travail pour l’organiser.

Je veux remercier aussi nos partenaires, la FEBEA et son président Patrick O’Quin, la société française de Cosmétologie, conduite par Patrick Bellon, Cosmetic Europe et son président Loïc Armand. L’intérêt de notre profession et de notre filière est de s’unir, pas de se diviser. Je regretterai fortement qu’après des années de coopération utile, fructueuse, nous finissions par nous concurrencer en organisant des événements rivaux. J’entends parfois la rumeur qu’il s’en préparerait. J’invite chacun au calme et à la responsabilité. Ne nous marchons pas sur les pieds. Ne dupliquons pas nos initiatives.

Je veux saluer notre comité scientifique, dont l’investissement dans l’actualité fait le renouvellement de notre programme et nous permet d’être à la pointe de l’information, de vous donner ce que vous recherchez. Vous comprendrez qu’en parfaite confraternité je destine un coup de chapeau particulier à Anne Laissus-Leclerc qui a bien voulu vérifier que, moi qui ne suis que peu savant, je ne disais pas n’importe quoi dans cette intervention.

Je veux remercier surtout chacun des orateurs. Ils vont nous offrir leur temps, leur énergie et leur talent, singulièrement ceux de la commission européenne dont la présence est très appréciée et très attendue, ceux du ministère de la santé ou de l’agence nationale du médicament qui nous font l’honneur d’être là, ceux des grands groupes et des laboratoires, des PME et des sous-traitants, tous complémentaires dans un pôle qui compte 8000 chercheurs. Il est des transferts de technologie. Ils sont décisifs. Il est des transferts de connaissances. Ils sont indispensables. Mutualisons le savoir. Cela ne pourra que favoriser les audaces et les réussites individuelles.

Je veux dire ma reconnaissance enfin aux équipes de la Cosmetic Valley, resserrées, compétentes, dévouées, qui parviennent, de mois en mois, à faire vivre le pôle dans son quotidien, rencontres internationales, projets scientifiques, actions de formation, veille Internet, et, dans le même temps, à créer successivement, en quelques jours seulement, des événements aussi divers que connexion R&D à Orléans, notre salon cosmetic 360 qui fût un immense succès inauguré au Carrousel du Louvre par Xavier Niel et le ministre de l’Industrie Christophe Sirrugue, cosmetomics à Cergy et le synchrotron Soleil, Olfaction avec l’Isipca dans quelques jours, le Congrès Cosmétopée à la fin de cette semaine en Polynésie. Ils sont sur tous les fronts. Ils ne renoncent jamais. Ils sont excellents. Cela d’autant plus que notre équipe est provisoirement orpheline de son directeur-fondateur, Jean-Luc Ansel, parti avec courage, non pas conquérir la toison, mais soutenir une thèse à un âge où on est davantage professeur qu’étudiant. Il est vrai que pour adoucir les efforts des années de travail qu’il aura consacrées à cette somme sur « la cosmétopée à travers les ligneux de Polynésie », il a choisi pour réunir son jury une destination monacale, austère, difficile, puisqu’il s’agit de Tahiti. J’en serai avec fierté.

Un public, une organisation, des orateurs, c’est cela qui fait de ce congrès un moment unique et essentiel. Unique, essentiel, mais aussi nécessaire. Sans doute davantage encore depuis cette année où tout a été bouleversé.

La maîtrise et la connaissance des réglementations nationale, européenne, internationale seront, en effet, pour la filière cosmétique des enjeux de plus en plus cruciaux à l’avenir. On voit bien, en Asie notamment, que la norme est un instrument du soft power, un outil dans la panoplie commerciale, une arme de la guerre économique et qu’elle est utilisée tour à tour pour faciliter ou empêcher. On sent que le monde est en train d’évoluer. On voit ressurgir des frontières, du protectionnisme, en Amérique avec l’élection de Donald Trump, en Angleterre avec le succès du referendum sur le Brexit. On comprend que les frontières, demain, ne seront pas seulement des murs physiques, mais aussi des barrières intellectuelles, juridiques et scientifiques. Les douaniers seront les normes. Il faudra des visas, des passeports.

Enfin on ne peut pas proclamer en permanence que le « made in France » nous permet de faire la course en tête, d’être le leader mondial de notre secteur, alors que nous n’en sommes ni le plus gros marché, ni le plus gros producteur mondial, cela grâce à la parfaite sécurité de nos produits, à leur respect total de l’environnement, à l’innovation permanente de nos maisons, sans reconnaître que ce tryptique ne tient debout, sur nos marchés et à l’international que parce qu’il a été édifié en symbiose avec la production réglementaire. C’est une manière pour moi de saluer les étudiants du Master spécialisé Réglementation Internationale Parfums et Cosmétiques, issus de l’école d’ingénieurs bio industrie que nous fêterons ce soir. Ce sont des explorateurs et des précurseurs. Ils ont choisi une voie d’avenir.

Alors, puisque la règle est devenue le nerf de la guerre, il faut s’en emparer et coopérer avec ceux qui la produisent. Ce que nous faisons, ce que vous faites ici, est primordial. Il faut que nous ayons des règles pro-actives de self régulation comme nous avons su le faire ensemble pour les microbilles dans les produits rincés. Il faut que nous poursuivions, à Paris et à Bruxelles le dialogue avec les autorités publiques, car il peut aboutir à des victoires du bon sens comme l’arrêt équilibré du 16 septembre 2016 de la Cour de Justice de l’Union Européenne sur les expérimentations animales le prouve ou bien encore le rapport de la commission européenne du 16 septembre dernier sur les allégations et la publicité ou encore l’interprétation récente que fait Bruxelles du risque par rapport au danger pour les CMR, même si tout, sur ce dernier point, ne paraît pas encore définitivement fixé.

Les débuts de REACH ont été marqués, soyons francs, par une confrontation entre nos entreprises et la commission européenne. Nous apprenions à nous connaître. Il a fallu dépasser ce temps où nous nous regardions en chiens de faïence et ne plus songer qu’à la coopération, au dialogue, à la négociation. C’est notre volonté. Nous la mettons en œuvre. J’espère que cette disposition d’esprit est aussi celle de Bruxelles. Une avancée sur le dossier de la dénaturation de l’alcool dans les parfums, par exemple, en serait un signe apprécié. Mais il serait trop facile de n’interpeler que les autorités communautaires. En France, également, certains projets réglementaires nous inquiètent. Un arrêté est en instance de signature sur le bureau de M. Sapin et de Mme Touraine. Il a trait à la toxicovigilance. C’est un fort beau combat. Il reviendrait cependant s’il était mené dans les termes du texte que je cite à rendre publiques toutes nos formulations en ingrédients et en proportions pour le plus grand bonheur des fraudeurs et des voleurs. « Contrefacteurs de tous les pays, réjouissez-vous » n’est pas un slogan qu’une administration raisonnable devrait favoriser.

Vous le voyez. Il reste bien sûr des questions qui n’ont pas été encore tranchées ou abordées avec le calme et la lucidité nécessaires. Comment le pourraient elles être toutes ? Je pense au dossier des perturbateurs endocriniens où nous voulons une sécurité totale, mais pas de faux procès. Demeurent également sur la table le dossier relatif à l’échange d’informations sur le packaging ou la question du monde digital qui ne peut être une jungle sans foi ni loi. Il reste donc de l’ouvrage à abattre.

Tant mieux. Il faut que nos réflexions soient abondantes, foisonnantes, pour qu’elles continuent de servir de référence à l’échelle mondiale et tant mieux si les administrations étrangères pratiquent pour s’en inspirer le « copier-coller » de notre propre réglementation.

Voilà pourquoi vous vous êtes levés tôt. Voilà pourquoi vous avez affronté la grisaille et l’humidité que nous offrait la Beauce en cette fin d’automne. Voilà pourquoi vous êtes enfermés dans ce bâtiment sans fenêtre garant de la confidentialité et de l’intensité de vos débats. Voilà pourquoi je vous félicite, vous remercie et vous souhaite deux journées de bons et utiles travaux. Merci.

© 2011 Marc-Antoine Jamet , Tous droits réservés / Wordpress