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27 NOV 2012

Confiance en l’avenir de la filière cosmétique (entretien paru dans L’écho républicain)

Secrétaire général du groupe de luxe LVMH, Marc-Antoine Jamet préside la Cosmetic Valley depuis 2011. Dans un entretien, il dresse un état des lieux plutôt élogieux du pôle de compétitivité et nourrit une ambition forte pour le pôle de compétitivité qui fait mieux que se sortir de la crise.

Quels sont les points forts de la Cosmetic Valley?

Elle est un pôle de compétitivité dans toutes ses dimensions : c’est à la fois un réseau d’industriels qui ont décidé de travailler ensemble, une force de projection à l’international, et un instrument assez extraordinaire qui fait que la recherche fondamentale, celle des laboratoires et des universités, peut se retrouver dans la recherche appliquée, celle des entreprises.

Qu’est-ce qui rend vos produits compétitifs?

Ce n’est pas en baissant ses prix que la Cosmetic Valley s’en sort, mais c’est par la qualité de ses produits et le fait qu’on ne les trouve nulle part ailleurs. La Cosmetic Valley, c’est un peu la Mercedes ou la BMW du parfum : vous voudriez en acheter une autre, vous ne pourriez pas. BMW s’achète chez BMW, Mercedes s’achète chez Mercedes. Nos produits, c’est la même chose.

Vous comparez souvent la Cosmetic Valley à un tissu industriel à l’allemande.

La Cosmetic Valley, ce n’est pas seulement la réunion de deux géants du secteur, comme dans d’autres pôles de compétitivité. La Cosmetic Valley, ce sont des sous-traitants, des fournisseurs, des donneurs d’ordre, des entreprises individuelles. Voilà sa force, elle joue sur de nombreuses cordes.

Justement, comment la filière beauté traverse-t-elle la crise?

Le secteur ne nie pas que la crise puisse exister, mais grâce à un certain nombre de stabilisateurs, la Cosmetic Valley est en croissance d’emplois, de richesses, de production, de marchés. Elle fait mieux que se sortir de la crise puisqu’elle a aujourd’hui un besoin net de recrutement de 1.500 personnes.

Les investisseurs étrangers s’intéressent-ils toujours à notre territoire?

À chaque comité technique, nous voyons des demandes d’adhésions que nous devons parfois refuser. On se méfie : il ne faut pas que nous soyons le cheval de Troie de la concurrence étrangère et la mettant en plein milieu de ce qui fait nos secrets de fabrication. On voit d’innombrables étrangers qui voudraient être là. Nous avons ouvert nos portes il n’y a pas très longtemps à une filiale d’Estée Lauder, qui est quand même le géant américain des cosmétiques.

Les résultats de l’audit sur la Cosmetic Valley ont-ils été à la hauteur?

Il y a eu un audit sur la Cosmetic Valley qui nous a amenés à être considérés comme “performants”, et non pas “très performants”. Manifestement, pour les auteurs du rapport, l’obligation d’un pôle de compétitivité qui voudrait prétendre à la très grande performance, est d’être dans un des secteurs comme la chimie lourde, la pharmacie, la construction de centrales nucléaires ou l’armement. C’est un raisonnement très franco-français. Quel pays européen ferait un tri entre ses entreprises championnes?

« Un excellent rendez-vous avec Arnaud Montebourg »Vous reprochez souvent aux pouvoirs publics de méconnaître votre force de frappe dans l’économie.

Les choses évoluent. Avec Jean-Luc Ansel, qui est le directeur général de la Cosmetic Valley, on a eu un excellent rendez-vous avec Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, qui a semblé avoir les mêmes vues que nous sur ce qu’est l’excellence industrielle.

Qu’attendez-vous des pouvoirs publics?

À l’international, quand il s’agit de discuter avec la Commission européenne, on a besoin des pouvoirs publics pour un soutien politique, juridique, réglementaire. C’est le cas, en ce moment, à Bruxelles, où on est en train de définir ce que sont les allergènes ou comment on fait des tests pour les cosmétiques.

Est-ce qu’au final la réglementation a pris le pouvoir?

Nous partageons le désir de protection de tous les consommateurs. Mais le problème avec la réglementation, c’est que si nous, en Europe, on est freiné, alors que les autres continents, eux, sont poussés sur leurs marchés domestiques, il y a une distorsion de concurrence importante. Mais la Commission commence à comprendre que derrière nos produits, il y a une histoire. Guerlain, c’est un parfumeur qui crée l’eau impériale en 1860 pour l’impératrice Eugénie. Ce n’est pas tout à fait la même chose que la dernière bicyclette ou la future scie à découper…

 

Hélène Bonnet

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