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MAR
2013
Pierre Vittori, c’était d’abord un sourire généreux. Un sourire et aussi un Å“il qui brillait. Malicieux, ironique, bienveillant, paternel. C’était selon. Selon les interlocuteurs d’ailleurs davantage qu’en fonction de ses humeurs qui semblaient assez constantes. Bien qu’il soit du « nord », nous avions parlé de Sartène et des Ventura, les grand-parents de mon père. A l’origine de toute famille, il y a, là -bas, un berger. La mythologie commune avait joué son rôle : rapprocher. Il m’avait un jour pris à part pour me raconter son arrivée dans l’Eure voici plusieurs dizaines d’années. C’était un bon conteur. Il résumait l’histoire en quelques mots.
De sa Corse natale, il était venu sur le continent. Les emplois étant rares dans l’ile, comme nombre de ses pairs, il avait choisi pour faire carrière l’éloignement et la fonction publique. Quitte à se lier par un métier à l’Etat, ce serait l’éducation des enfants. Les hasards des affectations au sortir de l’école normale d’instituteurs l’avaient conduit en Normandie. Avec sa femme, il s’était enraciné dans la région. L’une, qu’il avait épousée, avait contribué à lui faire aimer l’autre où il était resté. Mais la retraite arrivée et l’âge venant, l’appel du sud avait retenti. Au service public et à la vie politique, il avait beaucoup donné et notre ciel tantôt bleu, tantôt pluvieux, n’avait jamais remplacé l’azur de la Méditerranée. Il s’était dévoué pour l’Eure et ses habitants, avec passion, avec sincérité, sans la moindre retenue. Mais l’odeur du maquis lui manquait. Plus que tout sa fille et sa petite fille Mathilde l’y attendaient. Ainsi sa vie n’avait-elle jamais cessé d’être belle. C’est donc avec beaucoup de tristesse que j’ai appris, comme ses camarades de la fédération et ses collègues du Conseil Général, le décès de Pierre Vittori, jeune homme qui nous a quittés à l’âge de 80 ans.
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